Le 7eme continent, de quoi s'agit-il ?
Découvert pour la première fois en 1997 par le navigateur Charles Moore, le 7eme continent est un ensemble de zones où s'amassent les déchets plastiques jetés dans les cours d'eau et dans les océans. Ces amas se forment à cause de la force de Coriolis alliée aux courants marins de surface, formant des tourbillons qui aspirent les déchets plastiques qui s’accumulent au milieu des océans.
Près de 1 800 milliards de déchets plastiques polluent les océans et se sont regroupés au fil du temps pour former une masse de plastique dont la surface s'étend constamment. Le centre du 7e continent est situé principalement entre la Californie et Hawaï, au nord-est de l'océan Pacifique. La superficie occupée par ces déchets s'étend sur 1,6 million de km², soit 3 fois la taille de la France, selon une étude publiée dans la revue Scientific Reports en 2018.
Pourquoi les plastiques sont-ils nuisibles à l'environnement ?
En 1950, l’industrie produisait 1,5 million de tonnes de plastique dans le monde, en 2016, la production atteint plus de 335 millions de tonnes. L'augmentation des déchets plastique a un impact majeur sur l'environnement. Fabriqué à partir de pétrole raffiné, le plastique peut mettre jusqu'à 4 siècles pour se décomposer dans la nature.
Selon un rapport de l'ONU, près de 8 millions de tonnes de plastique se retrouvent chaque année dans les océans, menaçant la vie des animaux marins tels que les tortues, les mammifères, les oiseaux, mais aussi les poissons que l'on retrouve dans l'alimentation humaine.
Près de 100 000 mammifères marins meurent par an en raison de l'accumulation des déchets plastiques dans l'océan. Ces animaux peuvent se retrouver emprisonnés par les filets de pêche et les gros débris, ou encore être empoisonnés en ingérant les déchets.
Une grande quantité des plastiques non recyclés se retrouvent par ailleurs incinérés, produisant des gaz à effet de serre pouvant aggraver le réchauffement climatique.
Quelles sont les conséquences du plastique sur la santé ?
Outre son impact sur l'environnement, le plastique, à certaines étapes de son cycle de vie, participe à la dégradation de la santé des êtres vivants. L'extraction de la matière première – le pétrole – entraîne par exemple la libération de substances chimiques qui polluent l'air, mais contaminent aussi l'eau et le sol.
La transformation de la matière en plastique est également une phase générant de nombreux risques pour la santé. En raison de l'ajout des additifs pétrochimiques dans les polymères vierges, ce processus provoque des émissions de particules toxiques, parfois responsables de cancers.
Les microparticules de plastique et autres substances chimiques utilisées pour la fabrication de plastique représentent également d'autres dangers pour la santé humaine et animale. Ces éléments souvent présents sur des produits en plastique ou sur les emballages d'un aliment peuvent être ingérés lors de la consommation. Une récente étude fait apparaître que nous mangeons tous du plastique !
L'incinération fait partie des méthodes de traitement des déchets plastiques. La fumée provoque des émissions de particules hautement toxiques dans l'atmosphère et dégrade par conséquent la qualité de l'air.
Comment lutter contre cette pollution ?
Limiter la production de déchets plastique est un acte civique permettant à chaque citoyen de limiter son impact environnemental. À travers quelques gestes écologiques, il est possible de diminuer l'usage d'objets ou de conditionnement en plastique au quotidien. Pour cela, bannissez l'usage des sacs plastiques. Optez pour un cabas ou un sac réutilisable et préférez les produits en vrac ou conditionnés dans des emballages recyclables.
Selon le rapport de l'ONU, près d'un million de bouteilles plastiques sont achetées toutes les minutes à l'échelle mondiale, représentant une quantité massive de déchets. Pour limiter le volume de plastique produit, choisir des contenants réutilisables. Evitez d'utiliser les pailles, la vaisselle et les couverts jetables en plastique.
Préférez autant que possible la cuisine maison pour limiter la consommation de surgelés souvent emballés dans du plastique. Pensez également à vérifier si vos produits cosmétiques ne contiennent pas de microbilles de plastiques.
Quels sont les différents types de plastiques ?
Le plastique se distingue en 7 catégories distinctes, à savoir :
– le polyéthylène téréphtalate ou PET, servant à fabriquer les bouteilles en plastique et les emballages alimentaires
– le polyéthylène haute densité ou PEHD pour les bouteilles de produits ménagers
– le PVC ou polychlorure de vinyle permettant principalement d'emballer la viande et le fromage
– le polyéthylène basse densité ou LDPE pour fabriquer des sacs et emballages plastiques
– le polypropylène PP qui entre dans la composition de nombreux objets, dont les récipients alimentaires, des pièces pour voitures et les emballages médicaux
– le PS ou polystyrène pour fabriquer des emballages alimentaires à usage unique, des jouets, du mobilier, des isolants etc.
– et les autres plastiques à base de polycarbonate ou de plusieurs plastiques.
Quels plastiques dans la poubelle jaune ?
Lutter contre la surproduction de déchets plastique passe surtout par le recyclage des ordures ménagères. La poubelle jaune est dédiée aux déchets plastiques comme les bouteilles d'eau et d'huile, les bidons et les flacons alimentaires et cosmétiques vides avec leurs bouchons, ainsi que les emballages de produits de toilette et les bouteilles de produits ménagers.
La poubelle jaune accepte depuis le 1er janvier 2020 les autres déchets plastiques autrefois interdits. Ces déchets peuvent être les barquettes alimentaires en polystyrène, les capsules de café, les pots de yaourt ou encore les films et les sacs en plastique.
Quels sont les plastiques recyclables ?
Parmi les différentes catégories de plastique, le PET est une matière entièrement recyclable. Ce plastique est le plus répandu, entrant dans la composition des bouteilles transparentes et de nombreux emballages plastiques. Le PEHD qui sert à fabriquer les bouteilles opaques est aussi fréquemment recyclé.
Si le polystyrène PS est en principe une matière plastique recyclable, les filières de traitement sont encore peu nombreuses aujourd'hui à le récupérer. Étant en grande partie composée d'air, cette matière s'avère trop légère et ne contient pas assez de plastique pour que le recyclage soit économiquement viable.
Comment savoir si un plastique est recyclable ?
Une signalétique commune appelée Triman indique aux consommateurs qu'un emballage ou un produit en plastique est recyclable.
La présence d'un anneau de Mobïus sur l'objet est également un indicateur informant qu'il est recyclable.
Présent sur plus de 90 % des emballages, le logo Point Vert circulaire ne signifie cependant pas qu'un produit plastique est recyclable. Cette indication permet tout simplement de savoir si l'entreprise qui a produit l'objet participe au programme de valorisation des emballages ménagers.
Pourquoi et comment reconnaître le logo du plastique recyclable ?
Tout emballage plastique affiche généralement un anneau de Mobïus, le logo universel attestant qu'il est recyclable et/ou fabriqué à partir de matières recyclées. Ce logo en forme de triangle peut d'ailleurs contenir un chiffre indiquant la quantité de matières recyclées utilisées pour la fabrication de l'objet.
Bien faire la distinction entre chaque logo permet de connaître la destination à réserver pour ces objets en plastique arrivés à leur fin de vie.
Comme la plupart d'entre eux contribuent à la dégradation de l'environnement, lutter contre la surproduction de ces déchets grâce au tri est ainsi facilitée en repérant rapidement les logos apposés sur ces produits plastiques. L'anneau de Mobïus est l'indicateur universel précisant qu'un objet est recyclable.
Où vont les plastiques non recyclables ?
Même si elles sont en principe toutes recyclables, les 7 catégories de plastique ne sont pas traitées de la même manière. Les PET et les PEHD sont les plastiques les plus régulièrement recyclés, en Europe et en Amérique du Nord.
Une certaine partie des déchets formés par les autres types de plastique sont quant à eux exportés vers d'autres pays, d'Asie ou d'Afrique. Lorsque les dispositifs de recyclage existent dans ces pays d'accueil, le traitement de ces déchets plastique est bien réalisé.
Dans le cas contraire, ces déchets sont à l'origine de catastrophes environnementales, s'accumulant dans des décharges à ciel ouvert ou déversés dans les eaux. Les pays comme la Chine, la Malaisie ou les Philippines annoncent ainsi aux pays d'Europe et d'Amérique du Nord qu'ils n'accueilleront plus les déchets plastiques à l'avenir.
Les résultats d'une étude publiée dans la revue Science Advances en 2017 donnent une idée du volume phénoménal de ces déchets plastiques non recyclés polluant l'environnement. 6 300 millions de tonnes métriques de déchets plastiques ont été produites entre 1950 et 2015, dont seuls 9 % sont recyclés. Parmi les déchets non recyclés, seuls 12 % sont acheminés dans les usines de traitement de déchet pour y être incinérés.
Les 79 % restants s'accumulent quant à eux dans les décharges ou se répandent dans la nature. Ces déchets plastiques sont généralement recyclables, mais les dispositifs sont inexistants pour les traiter.
Trop légers pour être facilement recyclés, leur traitement nécessite des procédés complexes et surtout très onéreux. Ils se dispersent en conséquence dans la nature et finissent par détériorer l'environnement et les écosystèmes.
Supprimer le plastique et par quoi le remplacer ?
Selon la Commission européenne, 70 % des déchets déversés dans la mer sont des produits en plastique à usage unique. Des mesures ont déjà été prises pour limiter, voire supprimer totalement la production de déchets plastiques.
En 2016, une loi interdisant les sacs en plastique à usage unique est instaurée en France, tandis qu'un texte législatif bannissant la vaisselle en plastique jetable entre en vigueur le 1er janvier 2020.
Pour remplacer ces produits, diverses alternatives sont proposées comme les couverts biodégradables conçus à partir de bambou ou d'amidon. Les pailles en plastique peuvent quant à elles être remplacées par des modèles en papier, en métal, ou encore en bambou. Vous pouvez également remplacer les cotons-tiges classiques par des produits plus écologiques en bois ou en papier.
Évolution de la production de déchets plastiques
8 millions de tonnes de déchets plastiques se retrouvent dans les océans chaque année. Ce chiffre est alarmant et il montre la gravité de la situation liée à l'usage de cette matière polluante. L'ensemble de la société est appelé à agir contre ce fléau.
Les projections des scientifiques sont d'ailleurs claires : même avec toute la bonne volonté des gouvernements et des citoyens du monde, la réduction de la pollution liée aux plastiques permettra de diminuer de seulement 78 % ces déchets à l'horizon 2040.
Au niveau mondial, de nombreux pays prennent aujourd'hui conscience de cette problématique et appliquent des mesures visant à réduire l'usage des plastiques. C'est notamment le cas au Japon – deuxième producteur mondial de déchets d'emballages plastiques par habitant derrière les États-Unis – où une nouvelle stratégie contre cette pollution est mise en place.
Les objectifs de cette démarche japonaise sont nombreux, dont ceux de réduire de 25 % les déchets plastiques à usage unique d'ici 2030 et de les recycler ou les réutiliser d'ici 2035.
Les politiques menant vers le ZERO pollution plastique sont ainsi initiées dans certaines parties du monde, mais à l'heure actuelle, la disparité de ces stratégies pose encore un doute sur leur réussite dans les années à venir.
L'une des plus récentes publications de la revue Science met en lumière que si toutes les alternatives et solutions imaginées aujourd'hui pour neutraliser les déchets plastiques sont appliquées, le problème ne pourrait pas disparaître entièrement.
Dans le meilleur des scénarios, les incitations lancées actuellement pour moins produire de plastique, à le réutiliser, à le collecter pour mieux le recycler, conduiraient vraisemblablement à une diminution de 40 % de la pollution liée à cette matière d'ici 2040 par rapport à son niveau de 2016.
Les justifications d'une telle éventualité sont nombreuses selon les annonces de ces scientifiques. À l'heure actuelle, le plastique fait l'objet d'un usage toujours croissant, et la production de nombreux objets en plastique est toujours importante. La persistance de ces habitudes de consommation et de cette industrie générera toujours la même pollution.
Ainsi, dans le cas des scénarios les plus optimistes, autrement dit si toutes les décisions bannissant l'usage des plastiques sont appliquées dès maintenant et que toutes les mesures de collecte et de recyclage sont optimisées, d'ici 2040, la pollution liée à cette matière ne diminuerait que de 78 % en 2040 par rapport à son niveau de 2016.
Les 22 % de déchets plastiques qui existeraient encore à ce moment-là selon cette perspective représenteraient alors plus de 700 tonnes de pollution directement déversées dans les écosystèmes aquatiques et terrestres.
Au cours de leurs observations, les scientifiques sont en effet parvenus à quantifier le volume futur des déchets plastiques produits par les Hommes. Selon leur évaluation, les politiques actuellement mèneraient tout de même en 2040 à la mise en terre de près de 460 millions de tonnes de déchets plastiques et au déversement dans les milieux aquatiques d'environ 250 millions de tonnes de ces résidus.
De telles perspectives laissent songeur sur la menace que représente la pollution aux déchets plastiques dans l'avenir.
Les actions doivent ainsi être menées, à la fois d'une manière sérieuse, mais aussi collective entre tous les pays, afin de donner aux générations futures l'opportunité de vivre dans un monde moins pollué.
Selon les évaluations des chercheurs, tergiverser et reporter les initiatives à mener contre le plastique dans les 5 prochaines années générerait 300 millions de tonnes de déchets supplémentaires en 2040.
C'est donc maintenant qu'il faut agir pour enrayer le plastique.
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