Des décisions radicales à prendre en urgence
Les dégâts provoqués par le changement climatique dû aux activités de l’Homme sur l’environnement inquiètent depuis quelques décennies les climatologues et les écologistes du monde entier.
Les politiques leur ont emboîté le pas et s’essayent timidement à des mesures censées atténuer l’impact environnemental du modèle économique moderne, basé sur la consommation et la quête permanente du profit et du confort.
Après des années de tergiversations, l’Accord de Paris, signé en 2015, se voulait révolutionnaire dans sa façon de mobiliser les gouvernements mondiaux et les acteurs non-étatiques dans la lutte contre la dégradation de l’environnement. Les pays signataires de l’accord se sont engagés à limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C par rapport à l’ère industrielle, l’objectif étant de ralentir l’effet du changement climatique sur les écosystèmes marins et terrestres.
Cinq ans après cet accord, les pays signataires tardent à appliquer des mesures concrètes en faveur de l’environnement.
Le groupe préconise une liste non exhaustive de changements radicaux incontournables si les décideurs politiques souhaitent vraiment éviter les crises alimentaires majeures qui menacent des dizaines de pays.
Les auteurs de l’étude soulignent en premier lieu la nécessité d’atteindre la neutralité carbone en 2050, un palier qui exige une profonde transformation du modèle économique des pays riches et un soutien financier massif à la protection des forêts des pays en développement.
Pourtant, ces forêts essentielles à la survie de l’homme, souffrent d’un sérieux manque de considération des politiques et des gouvernements, qui semblent plus intéressés par les enjeux économiques de l’industrie agroalimentaire. Or, le développement d’une industrie agricole à grande échelle se fait toujours au détriment des espaces forestiers naturels.
Une nécessaire transformation de l'industrie alimentaire
Ce phénomène se manifeste de manière inconsciente en Amazonie, où la déforestation s’est accrue de 40 % en 2019. Le cas du Brésil et de son président Jair Bolsonaro est loin d’être isolé. La même tendance s’observe dans les forêts tropicales d’Asie du Sud-est et d’Afrique.
Le GIEC attribue cette accélération à l’explosion de la demande en viande dans les pays émergents, notamment en Chine et en Asie. Sachant qu’une exploitation agricole consacre 60 % de ses espaces disponibles à l’élevage, une réduction drastique de la consommation en viande ralentirait automatiquement la destruction des forêts. Encore faut-il convaincre les gouvernements et les populations de l’intérêt de ce « sacrifice ».
Pamela McElwee, l’une des co-auteures de l’étude, souligne que la transformation de l’industrie agroalimentaire et la protection des espaces forestiers restants n’exigent aucune technologie nouvelle. Des décisions éclairées, fondées sur la logique et la volonté environnementale suffisent.
La chercheuse de l’université de Rutgers, dans le New Jersey, inclut dans ces « décisions éclairées » la suppression du gaspillage alimentaire (jusqu’à 30 % de la production mondiale) et la protection des zones humides et des tourbières.
Stopper la dégradation des terres agricoles
Louis Verchot, autre auteur principal du rapport, insiste pour sa part sur la nécessité de protéger la qualité des terres agricoles. Ce chercheur du Centre international d’agriculture tropicale pointe du doigt les effets néfastes des pratiques actuelles sur la vie des insectes, sur la répartition de l’eau et sur les autres éléments de la biosphère qui jouent un rôle crucial dans l’équilibre climatique et environnemental.
Ces pratiques issues des agricultures, agroécologique et biologique apparaissent clairement comme des alternatives viables. Cette révolution devrait réduire fortement les GES du secteur agricole, qui s’élèvent aujourd’hui à un tiers des émissions totales.
Moyennant des décisions politiques et réglementaires adéquates, les changements de pratiques agricoles libèreront plus de terres pour le reboisement et pour les verdures essentielles au stockage du carbone.
Des risques réels sur la sécurité alimentaire mondiale
Ces prévisions alarmantes du GIEC ne relèvent pas de la fiction.
Le groupe d’experts s’inspire dans son rapport des réalités actuelles de l’économie agricole. L’effet des événements météorologiques des dernières années sur le prix des aliments de base doit être pris en compte, selon Cynthia Rosenzweig, la coordinatrice du rapport spécial du GIEC.
La climatologue de l’Institut Goddard pour les études spatiales prend en exemple les graves inondations qui ont touché le Midwest américain en 2020. Ces catastrophes ont retardé l’ensemencement des champs de maïs et de soja d’une des régions les plus productrices de ces céréales. Ces décalages ont sensiblement réduit le rendement des cultures.
En Inde, la chaleur extrême a détruit une partie des cultures d’oléagineux et de canne à sucre. En Indonésie et en Thaïlande, les champs de riz ont énormément souffert des sécheresses. Même en France, les épisodes de chaleur extrême ont fait baisser la production vinicole de 13 % en 2019.
Cette inflation menace surtout les habitants des pays pauvres, qui ont déjà beaucoup de mal à satisfaire leurs besoins de base avec leurs moyens actuels.
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