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L’ampleur méconnue de la pollution lumineuse

Pollution lumineuse

Planète

L’ampleur méconnue de la pollution lumineuse

Par la rédaction

Le 02/04/2021 et modifié le 24/01/2022

L’ampleur méconnue de la pollution lumineuse exige des mesures concrètes

L’utilisation à grande échelle de la lumière artificielle a été une véritable révolution. Elle a aussi causé bien des dégâts souvent méconnus du public. Il est plus que temps d’y accorder plus d’attention, pour notre santé et celle de toute la planète.

 

L’excès de lumière : une véritable pollution

Si vous aussi, vous avez toujours pensé que l’éclairage public, les lampes LED et autres phares de voitures ne perturbent aucunement l’équilibre de la nature, détrompez-vous. La lumière artificielle, lorsqu’elle est excessive, constitue bel et bien un polluant majeur

On parle de pollution lorsqu’un élément artificiel, inhérent à l’activité de l’homme, entraîne directement ou indirectement un déséquilibre dans l’écosystème terrestre et/ou marin. L’éclairage public remplit tout à fait ce critère, d’abord à cause de l’énergie qu’il consomme. 

En France, l’éclairage des voies publiques représente à lui seul 41 % de la consommation en électricité des communes, selon les chiffres de l’ADEME pour un coût de 2 milliards d’euros par an selon l’ANPCEN.

L’empreinte écologique de ce « service » n’est donc pas neutre, connaissant la part des énergies fossiles dans le mix énergétique de la France. De récentes études ont mis à jour les répercussions négatives de la pollution lumineuse et leurs conclusions doivent clairement sensibiliser l’opinion publique sur le sujet.

 

85% de la France est exposée à une importante pollution lumineuse

Selon l'ONB (Observatoire National de la Biodiversité) 85 % de la France métropolitaine est exposée à un important niveau de pollution lumineuse au milieu de la nuit par ciel clair.

Pollution lumineuse France

Olivier Debuf © Office français de la biodiversité / 2021

 

Des impacts majeurs sur les pollinisateurs et même les milieux marins

On a toujours pensé que les effets de la lumière artificielle étaient limités à l’éblouissement, la sur-illumination, l’intrusion lumineuse et au « skyglow », un phénomène qui affecte surtout les grands centres urbains. 

Une étude de l’ANSES publiée en avril 2019 remet les pendules à l’heure. Dans les faits, l’éclairage artificiel provoque bien plus qu’une simple pollution visuelle. La lumière bleue des LED, par exemple, constitue un facteur majeur de perturbation de l’horloge biologique durant la nuit. 

Ses rayonnements troublent le sommeil, augmentant ainsi les risques de dépression, d’obésité, de stress et de cancer.

Le règne animal souffre aussi de l’omniprésence de l’éclairage artificiel. Dans les prairies les plus exposées, on constate une chute de 62 % des visites de pollinisateurs, une disparition qui pèse évidemment sur le rendement des cultures. 

Même dans les milieux marins, la lumière artificielle nuit à l’équilibre biologique des animaux, jusqu’à 200 mètres de profondeur. Ce sont là quelques effets identifiés par l’ANSES dans son étude, et il y a fort à parier que d’autres perturbations liées à l’éclairage artificiel restent à découvrir. 

La pollution lumineuse a toute sa place dans les plans de préservation de la biodiversité et de l’environnement, d’autant plus qu’elle croît de 6 % chaque année en Europe et en Amérique du Nord.

 

Halte aux théories, place à l’action !

Ces derniers mois, on assiste à une prise de conscience de l’ampleur et des dangers de la pollution lumineuse en France et à l’étranger. A Rennes et à Marseille, de jeunes militants ont pris l’habitude d’éteindre chaque soir les lumières des magasins. 

Ces « Yamakasis » écolos soulignent la portée symbolique de leur action, qu’ils considèrent comme leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatiqueet la pollution lumineuse.

A ceux qui critiquent leurs interventions, ils évoquent l’arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, réduction et limitation des nuisances lumineuses.

Le texte énonce que tout éclairage d’un bâtiment non résidentiel dirigé vers une voie publique, comme les enseignes de magasins, ne peut pas être allumé avant le coucher du soleil et doit être éteint au plus tard à 1 heure du matin ou une heure après la fermeture si cette dernière est plus tardive. Ces prescriptions de temporalité, comme plusieurs autres mesures de l’arrêté, sont malheureusement ignorées par la majorité des magasins.

Les communes doivent aussi agir. La loi n’oblige en aucun cas les villes à éclairer leurs rues, parcs et autres lieux publics pendant toute la nuit. Les maires sont libres de fixer des horaires d’extinction des éclairages publics, comme un tiers des communes françaises le font déjà à l’heure actuelle. Pourquoi les deux-tiers restants n’en font pas de même ? Peut-être à cause de l’avis des électeurs, des contraintes de sécurité ou par confort.

La réduction de la pollution lumineuse passe donc avant tout par une sensibilisation de l’opinion publique, ce qui est loin d’être gagné. Nous, on préfère agir dès maintenant et faire passer le message suivant : citoyens de toutes les villes, soutenez les efforts de réduction des nuisances lumineuses de votre commune. Même si vos quartiers et vos rues sont un peu plus sombres, ces mesures apporteront toutefois une lumière nouvelle dans l’équilibre de la nature et de la planète en général.

 

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