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Stop à la déforestation importée !

Soja deforestation importée - Image par Brian Montenegro

Planète

Stop à la déforestation importée !

Par la rédaction

Le 21/06/2021 et modifié le 31/01/2022

La déforestation, longtemps problématique, a été plus ou moins résolue en France. Certaines régions ont même réussi à augmenter leur couverture forestière ces dernières années. En revanche, la question de la déforestation importée se pose toujours. Il est vraiment temps d’y remédier.

 

 Une inaction flagrante et honteuse

La France et l’Europe en général aiment se présenter en grands défenseurs de l’environnement. Elles mettent en œuvre des plans de sauvegarde de l’écologie et de la biodiversité, financés par l’argent du contribuable et par des fonds privés. Ces efforts ont permis d’entretenir et d’étendre les parcs naturels, les réserves naturelles et/ou spéciales ainsi que les territoires de conservation biologique sur le Vieux-Continent. Ces investissements ne masquent pour autant pas l’inaction flagrante des pouvoirs publics contre la déforestation importée.

Et pour cause, la France est encore lourdement dépendante du soja, une denrée dont la production se déroule dans des conditions environnementales déplorables. Emmanuel Macron a bien soulevé le fond du problème en 2019, en l’intégrant parmi les thèmes majeurs de sa communication durant le sommet du G7 qui s’est tenu à Biarritz. Le président a même reconnu la « complicité » de la France dans la catastrophe écologique qui se déroule en Amazonie, à cause de l’importation du soja et d’autres biens consommables.

Sous l’impulsion du président Macron, la France a mis en place la SNDI, une stratégie de lutte contre la déforestation importée. Dans cette feuille de route, il est question de mettre fin à ce problème à l’horizon 2030. Mais cette ambition française souffre de grosses lacunes de mesures de contrôle et d’application. 

La SNDI appelle en effet à la participation volontaire des entreprises, lesquelles doivent s’engager à réduire les importations de produits agricoles et forestiers non durables, qui contribuent à la déforestation en Amazonie, mais aussi dans le bassin du Congo et dans d’autres pays du globe.

La stratégie ne propose aucune alternative viable aux importateurs. Ces derniers continuent donc d’acheter en toute légalité des produits provenant de pays peu regardant envers les forêts. Rien qu’en 2020, la France a importé 2 millions de tonnes de soja brésilien, sans être en mesure de vérifier si ces denrées ont été produites dans le respect ou non de l’Amazonie.

 

L’empreinte écologique désastreuse du soja brésilien

Le soja brésilien illustre parfaitement les rouages malsains d’un système agricole industriel peu soucieux de la déforestation en Amazonie.

Sous le poids de l’industrialisation de l’élevage, la France achète d’énormes volumes de soja depuis le Brésil et d’autres pays d’Amérique du Sud pour nourrir son cheptel. Pour répondre à cette demande croissante, les grands producteurs brésiliens repoussent sans cesse les limites de leurs champs, en brûlant des millions d’hectares de forêt amazonienne.

Les écosystèmes du Grand Chaco et du Cerrado souffrent aussi de cette catastrophe. Et le mot est faible : entre 2000 et 2018, 8 % du plus grand complexe forestier au monde a été détruit, soit 513 016 km². 85 % de cette déforestation a lieu sur le territoire brésilien. 

Rien que sur l’année 2018, l’Amazonie enregistre 31 269 km² de surface déboisée en plus

Cette dégradation s’accélère à un rythme effarant depuis 2019 sous la présidence de Jair Bolsonaro, et ce, au mépris d’un moratoire en vigueur depuis 2006.

 

Infographie deforestation image

En plus de détruire une biodiversité riche et unique au monde, les monocultures de soja et de céréales au Brésil polluent massivement les sols. Les exploitants aspergent leurs champs et leurs pâturages de glyphosate et autres intrants chimiques fortement soupçonnés d’être cancérigènes. En Europe, l’importation de ces produits pénalise les agriculteurs locaux, soumis à des normes bien plus exigeantes. Finalement, c’est la souveraineté alimentaire des pays européens qui est mise en danger.

 

Des enseignes de la grande distribution en lutte contre la déforestation importée

Arrêter la déforestation dans le monde, notamment au Brésil, est un grand défi réunissant de nombreuses organisations non gouvernementales. Sous leur pression, plusieurs enseignes mondiales de la grande distribution adoptent désormais une ligne de conduite stricte envers le bœuf brésilien

Pour œuvrer en faveur de la forêt amazonienne, mais aussi pour lutter contre la destruction de la dans les zones du Cerrado et du Pantanal, des grands noms de la grande distribution européenne disent non à l’importation de certains produits bovins d’origine brésilienne. Le produit concerné est fabriqué en partenariat avec une grande marque brésilienne spécialisée dans l’exportation.

Certains produits bovins brésiliens dans le collimateur de Carrefour, Auchan et Lidl

 

Les organisations saluent déjà la décision de plusieurs enseignes de la grande distribution, avant l’arrivée prochaine d’une législation européenne visant une régulation plus respectueuse de l’environnement sur les échanges commerciaux entre le vieux continent et l’Amérique du Sud. 

En France, ce sont des noms bien connus comme Auchan, Carrefour et Lidl qui annoncent leur décision de boycotter certains produits bovins brésiliens.

Les produits mis en cause sont ceux de la marque Jack Link’s, une enseigne liée à l’industriel brésilien JBS dans la fabrication du bœuf séché, commercialisé dans plusieurs enseignes de distribution en Europe. 

Selon une communication, Auchan initie une procédure pour retirer un produit de cette marque. Le ton est également donné chez Carrefour : une référence de la marque Jack Link’s est concerné par un retrait dans les magasins de l’enseigne en Belgique. 

Ces décisions de Carrefour et d’Auchan rejoignent celle de la chaîne belge de supermarchés Delhaize qui indique elle aussi le boycott des produits Jack Link’s.

Le choix de Carrefour et Auchan en Belgique et en France converge en réalité avec une démarche globale constatée chez plusieurs enseignes de la grande distribution en Europe et au Royaume-Uni. 

Selon l’organisation non gouvernementale américaine Mighty Earth, la chaîne Lidl, les magasins néerlandais Albert Heijn ainsi que les enseignes Princes et Sainsbury’s annoncent également dans le même temps une conduite analogue par rapport au bœuf originaire du Brésil, notamment celle produite par la marque Jack Link’s.

 

Trois groupes brésiliens dénoncés pour « blanchiment de bétail »

Ces résolutions commerciales des enseignes européennes font suite à l’apparition d’un document dénonciateur. Écrit par l’organisation brésilienne Repórter Brazil en collaboration avec Mighty Earth, le rapport pointe du doigt trois grands producteurs brésiliens de viande de bœuf : le premier préparateur de produits carnés au monde JBS, ainsi que Minerva et Marfrig.

Selon les enquêtes de ces organisations, ces industriels sont impliqués dans le « blanchiment de bétail ». Cette pratique contribue à l’accélération de la déforestation en Amazonie, mais aussi à la dégradation de la forêt dans des zones à forte biodiversité comme le Cerrado et le Pantanal.

Concrètement, ces 3 industriels spécialisés dans la viande exploitent du bétail acheté auprès de fermes légales, mais élevé sur des zones déboisées illicitement. 

De telles pratiques illégales vont à l’encontre des politiques nationales et internationales de lutte contre la déforestation.

Mighty Earth et Repórter Brazil mettent en garde les grandes enseignes de distribution dans leur rapport. Ils soutiennent que ces produits provenant d’une démarche illégale et contraire à la gestion durable des forêts parviennent aux linéaires des supermarchés européens. 

Auchan, Lidl et Carrefour retirent ainsi ces produits et déclarent être en train d’enquêter sur leur traçabilité.


 

Préserver les forêts au Brésil en freinant la déforestation importée

Les élevages de bétail au Brésil sont une question récurrente, le sujet revenant très souvent au-devant de la scène au cours des dernières années. Grand producteur de produits bovins, le Brésil approvisionne également le marché international, en supplément de la couverture de ses besoins intérieurs, un marché de plus de 200 millions d’habitants.

La question des élevages de bétail au Brésil revêt une importance majeure dans la lutte contre la déforestation et contre le réchauffement climatique

Pour une raison démographique, la demande locale et mondiale en viande bovine prend chaque année davantage d’importance. Conscientes de cette manne et souhaitant produire plus tous les ans, certaines exploitations et certains éleveurs se livrent à des pratiques néfastes en matière environnementale et du point de vue social.

 

production agricole et deforestation


Cette forme illicite d’élevage de bétail pousse en effet les populations autochtones à abandonner leurs territoires, mais aussi au défrichement de pans entiers de forêts

La déforestation mondiale est responsable depuis 1990 de la disparition d’environ 420 millions d’hectares de forêt. 

Entre 2015 et 2020, la déforestation massive conduit à la destruction de la couverture forestière sur une superficie d’environ 10 millions d’hectares par an.

 

Mobilisons-nous contre la déforestation importée

Les animaux d’élevage français ont bien sûr besoin d’être nourris convenablement. On reconnaît aussi que les denrées importées sont souvent moins chères que les produits agricoles locaux. Ces avantages minimes justifient-ils pour autant le saccage de millions d’hectares de forêts chaque année ? 

Est-il vraiment éthique de détruire l’habitat naturel de millions d’espèces animales et végétales pour alimenter un système agricole déséquilibré et miné par le gaspillage ? 

La France peut-elle se targuer de protéger l’environnement et d’agir pour la Terre, et de soutenir en même temps une industrie agricole étrangère des plus destructrices ?

Greenpeace estime que cette hypocrisie a plus que duré. L’ONG mène cet été une série d’actions de sensibilisation et de manifestation contre toutes les pratiques assimilées à de la déforestation importée. Espérons juste que ces actions attirent l’attention publique sur le sujet et que le problème amazonien soit traité sérieusement par nos dirigeants. 

En attendant, chacun peut agir à son niveau : consommez local, limitez autant que possible votre consommation de viande et privilégiez les produits certifiés bio.

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