Plus aucun doute sur la responsabilité humaine
Le lien de causalité entre la fonte des glaciers au pôle Nord, l’aggravation des inondations et des cyclones tropicaux, et l’activité humaine a été jugé fortement « probable » dans le cinquième rapport du GIEC, l’AR5, publié en 2014.
Sept ans après, le groupe d’experts des Nations Unies durcit son discours, après avoir analysé et référencé plus de 14 000 études scientifiques.
À cause de l’Homme, la Terre s’est réchauffée à un niveau jamais observé depuis au moins 2 000 ans.
Cette augmentation de la température a provoqué des bouleversements climatiques à l’échelle mondiale et des perturbations plus localisées, à l’image des évènements extrêmes de ces derniers mois. Voici quelques exemples :
- Avril 2021 : une vague de gel exceptionnelle frappe une dizaine de régions en France, provoquant jusqu’à 2 milliards d’euros de dommages pour les seuls arboriculteurs.
- Juin 2021 : une canicule historique (avec un record de 50°C mesuré près de Vancouver) entraîne la mort de dizaines de personnes au Canada et aux États-Unis.
- Juillet 2021 : un épisode de gel rarissime détruit jusqu’à 11 % des plantations de café au sud du Brésil et provoque une hausse de 10 à 20 % des cours de l’arabica.
- Juillet 2021 : des inondations meurtrières s’abattent en Chine et en Europe de l’Ouest, faisant des dizaines de victimes en Allemagne, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Belgique.
- Aout 2021 : à cause d’une chaleur écrasante, des dizaines de feux de forêt d’une ampleur inédite se sont déclarés en Grèce, au Portugal, en France, aux États-Unis et dans d’autres pays.
Par leur déroulement et leur gravité, ces catastrophes confirment les avertissements lancés par les climatologues depuis au moins 30 ans : le réchauffement de la Terre engendre d’énormes catastrophes climatiques dans toutes les régions du globe. Et le pire reste à venir.
Une situation inéluctable et bientôt hors de contrôle
Le rapport AR6 reconnait les efforts des gouvernements, des associations et des citoyens pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
En France, le plan de relance post-Covid, doté de 100 milliards d’euros, flèche un tiers du budget vers les investissements écoresponsables dans le bâtiment, la construction et les nouvelles technologies, entre autres. Les experts des Nations Unies estiment toutefois que ces actions sont insuffisantes.
Même si le monde réussit à réduire ses rejets en GES immédiatement, le carbone enfermé dans le pergélisol et libéré par la fonte des glaces va prendre le relais.
Dans ce scénario « très peu émetteur », selon l’échelle fixée par le GIEC, la température augmentera de 1,4 °C d’ici la fin du siècle. Le réchauffement sera limité à +1,8 °C pour le scénario « peu émetteur » et à +2,7°C pour la trajectoire intermédiaire, une projection qui sort déjà du cadre des objectifs consignés dans les Accords de Paris.
Dans le scénario le plus alarmant, la montée du thermomètre atteindra +4,4 °C. Cette trajectoire, la pire de toutes, affectera en particulier l’Arctique, où le mercure pourrait monter jusqu’à +7° C par rapport à l’ère préindustrielle.
Des effets dévastateurs en avance sur les prévisions
Aucun de ces scénarios n’est rassurant pour l’humanité. La situation climatique actuelle devient de plus en plus intolérable, comme le prouvent les événements extrêmes de l’été dernier.
Même la trajectoire la plus optimiste (+1,4 °C) laisse entrevoir un monde imprévisible et marqué par de nombreuses régions transformées en zones invivables pour les animaux… et pour les êtres humains. Malheureusement, ce seuil sera franchi plus tôt que prévu.
En 2015, les scientifiques ont convenu qu’une montée des températures au-delà de ce seuil entraînera des conséquences dramatiques, auxquelles l’humanité aura du mal à s’adapter. Les dangers se multiplieront de façon exponentielle à chaque dixième de degré au-dessus de ce curseur.
Appel à une réaction mondiale et durable
L’alerte rouge lancée par le GIEC a marqué les esprits des citoyens et des dirigeants. En France, l’Assemblée nationale auditionnera l’un des auteurs du rapport fin septembre, afin de mieux comprendre la portée du document et mieux identifier les mesures de riposte les plus urgentes et les plus efficaces.
En Allemagne, le gouvernement a immédiatement relevé ses objectifs de réduction d’émission de GES de 65 % d’ici 2030, une réponse imitée par d’autres pays européens et asiatiques.
La publication des experts de l’ONU a le mérite de replacer l’urgence environnementale au cœur du débat public.
Les solutions temporaires et dépourvues de vision à long terme, comme la loi Climat en France, sont toutefois insuffisantes pour orienter le monde vers le chemin de la neutralité carbone.
Les États ont la responsabilité de conduire des actions concertées et à très grande échelle, en usant pleinement de leur pouvoir d’investissement et de régulation. Ces mesures doivent être en même temps réalistes et quantifiables, à l’aide de marqueurs visibles à la fois par les législateurs et par les citoyens.
Certains secteurs particulièrement polluants ont grand besoin d’évoluer rapidement, à l’image de la construction, de l’agriculture et des transports.
Des actions concrètes et mesurables à tous les niveaux
L’État pourrait, par exemple, légiférer sur un nombre minimal de rénovations thermiques à réaliser chaque année, ou fixer un ratio voitures électriques/voitures thermiques contraignant pour les constructeurs, ou encore établir un quota de surfaces agricoles à convertir en bio chaque année.
En clair il est impératif d’arrêter tout soutien de l’État et des collectivités aux entreprises qui gravitent autour des combustibles fossiles.
Bien sûr, chaque citoyen a la responsabilité d’agir à son niveau. Cela suppose l’adoption de nouvelles habitudes au quotidien, comme :
- Réduire ses dépenses énergétiques à la maison.
- Limiter le recours à une voiture particulière.
- Éviter si possible les voyages en avion.
- Manger bio et végétarien.
- Favoriser les produits recyclés.
Même en supposant que toute la population mondiale se découvre une conscience environnementale du jour au lendemain, ces changements comportementaux restent insuffisants.
Les actions collectives et l’engagement des entreprises ont bien plus d’impact sur l’empreinte carbone, à condition qu’elles soient intelligemment calibrées et bien encadrées par la loi.
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