Une préoccupation mondiale et des sentiments contradictoires
Neuf chercheurs en psychologie venant d’universités finlandaises, américaines et britanniques se sont intéressés récemment à l’impact de l’urgence climatique sur la santé mentale de la jeune génération.
Ces scientifiques ont commandé à l’institut Kantar un vaste sondage auprès de 10 000 personnes âgées de 18 à 25 ans, habitant aux États-Unis, au Portugal, au Royaume-Uni, aux Philippines, au Nigéria, en Inde, en Finlande, en France, au Brésil et en Australie.
Les questions posées aux répondants cherchaient avant tout à déterminer les sentiments des jeunes face aux perspectives dramatiques liées au changement climatique. 60 % des répondants se disent très préoccupés par le réchauffement de la planète, avec un taux plus élevé chez les jeunes des pays pauvres du Sud et du Portugal.
Plus de la moitié des personnes interrogées se sentent coupables, en colère, impuissantes, anxieuses ou tristes à l’idée d’affronter un futur ponctué de graves catastrophes climatiques, comme les inondations, les méga feux, les tornades, les canicules et la fonte des glaciers.
Parfois, les sentiments négatifs des répondants s’accompagnent d’un soupçon d’espoir, de détermination et d’optimisme, ce qui peut paraître contradictoire. Les chercheurs soulignent néanmoins que ce sont des réactions « saines » et « normales » aux menaces qui pèsent sur l’humanité entière. Cette anxiété climatique n’est pas une maladie mentale et reste rationnelle, même si elle nuit à la vie quotidienne de 45 % des sondés.
Une peur panique à convertir en levier de mobilisation
À la différence d’un stress pathologique, l’éco-anxiété qui se développe chez la nouvelle génération n’est pas paralysante. Au contraire, le sentiment d'abandon, de pessimisme et d’inquiétude grandissante pousse les jeunes à des choix plus ou moins radicaux.
39 % des répondants hésitent ainsi à faire des enfants et la majorité attend beaucoup des puissants et des gouvernements pour faire évoluer les choses. Ces chiffres prouvent encore une fois le niveau de conscientisation des jeunes face aux défis futurs engendrés par le réchauffement climatique.
Au-delà des craintes et de la peur de demain, la jeune génération sait pertinemment qu’il faut agir – et vite – pour inverser la tendance, ou au moins ralentir la dégradation du climat. Cette population ne vit plus dans le déni et se trouve en mesure de choisir une orientation et un sens à son parcours futur.
Les dirigeants actuels ont la lourde responsabilité de guider cette génération, celle-là même qui sera en premières lignes quand les effets désastreux du réchauffement climatique apparaîtront à l’horizon 2030-2050.
Cette idée seule devrait conduire les décideurs politiques à prendre des mesures encore plus radicales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et préserver les écosystèmes marins et terrestres.
Le rôle des médias et des associations environnementales
Les médias ont aussi un rôle à jouer, en matière de communication et de sensibilisation. Certes, les papiers alarmistes reprenant les rapports comme celui du GIEC ou d’autres scientifiques soulignent la gravité et l’urgence de la situation. Toutefois, ces nouvelles ne doivent pas instiller un sentiment de fatalisme ou engendrer de la dépression chez la jeune génération.
Les médias jouissent d’une grande influence qu’ils peuvent utiliser pour mettre en avant des solutions de résilience et des alternatives de consommation plus respectueuses de l’environnement et de la Terre.
Sans verser dans le militantisme, les médias ont le devoir d’évoquer l’urgence climatique sous un angle autre que celui de la peur. Nul besoin de noircir davantage le tableau : il « suffit » de présenter l’actualité écologique comme un défi, un questionnement permanent qui demande la contribution de toute la population.
Les communicants des gouvernements, des ONG et des associations environnementales disposent d’un puissant levier pour mobiliser les jeunes et les moins jeunes.
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