Plus grosse délégation de la COP26
Attendue comme un tournant majeur du combat contre le réchauffement climatique, la COP26 a failli à sa mission. Les yeux larmoyants d’Alok Sharma, le président de la Conférence, au moment de sa clôture reflètent la déception d’une majorité des participants.
Les données révélées par l’ONG Global Witness montrent tout le paradoxe de la dernière COP26.
Avec 503 délégués accrédités, l’industrie fossile écrase la concurrence.
En nombre d’émissaires, le secteur fait mieux que les huit pays les plus affectés par le dérèglement climatique réunis, à savoir Porto Rico, le Mozambique, le Bangladesh, les Bahamas, le Pakistan, les Philippines et Myanmar.
Les participants envoyés par le lobby des combustibles fossiles sont même plus nombreux que la délégation du Brésil, représentée par un contingent de 479 personnes. On ne peut que souligner l’ironie de la situation. En gros, la dernière COP26 ressemble à une conférence sur les incendies de forêt où les pyromanes sont les plus représentés.
Pendant que les associations environnementales et plusieurs dirigeants négociaient un programme politique visant à sortir progressivement du charbon et des combustibles fossiles, ces délégués manœuvraient en coulisse pour freiner toute avancée décisive allant dans ce sens.
Un porte-parole de Greenpeace s’est montré plus catégorique : les engagements décevants issus des négociations portent l’empreinte de cette armée d’agents d’organismes peu soucieux de solutionner rapidement la crise climatique.
Des lobbyistes infiltrés dans les délégations nationales
C’est le cas du Canada, de l’Australie, de la Russie et du Brésil, des nations qui se sont toutes illustrées durant la quinzaine par leurs réticences à toute décision impliquant un abandon rapide des combustibles fossiles.
L’Australie a même été au cœur d’une polémique pendant la conférence, en présentant sous son pavillon le démonstrateur d’une technologie de captage de CO2 par Santos, une entreprise gazière qui a rejeté 17,72 Mt de CO2 en 2018.
Même l’ancien premier ministre australien s’est insurgé contre cette faute de goût manifeste. Dans une interview, Malcolm Turnbull fustige le gouvernement australien et lui reproche de chercher des solutions visant à purifier la combustion du gaz, alors que le remède le plus simple et le plus évident consiste à arrêter de pomper et de brûler du gaz.
Ce faux pas australien démontre l’importance et l’influence des industriels des combustibles fossiles dans l’orientation des politiques environnementales des pays. L’ONG Greenpeace abonde dans le même sens.
Il dénonce aussi la mise à l’écart des représentants des ONG environnementales et de la société civile lors des discussions. L’association Corporate Accountability estime que la COP26 a été compromise à cause, justement, du travail de sape de ces magnats du pétrole et du charbon.
Affaiblir le lobbying anti-climat des pétroliers
Les révélations de Global Witness ont rappelé à tout le monde l’influence intacte du lobby pétrolier dans les grandes discussions sur le climat et au-delà.
Pour cette raison, InfluenceMap suggère la mise en place d’un Scope 4, pour mieux surveiller et évaluer les répercussions des activités de lobbying sur les émissions de CO2 des entreprises et donc, sur le réchauffement climatique.
Cette mesure permettrait d’identifier les géants pétroliers qui s’opposent le plus aux politiques de décarbonation et de limiter in fine leur présence dans les négociations internationales sur le climat.
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