Une discrétion inquiétante sur des sujets prioritaires
Les six mois de la Présidence Française de l’Union Européenne s’articuleront autour de trois thèmes : Relance, Puissance et Appartenance.
Lors de son allocution, Emmanuel Macron s’est longuement attardé sur ces thématiques et sur la manière de les concrétiser dans les politiques sociales, économiques et financières de l’UE.
Le président de la République a aussi dévoilé ses intentions concernant la question environnementale, un sujet qui correspond parfaitement à la devise de la PFUE.
De manière globale, les actions annoncées par Emmanuel Macron reprennent les grandes lignes du plan « Fit-for-55 » de l’UE. Autrement dit, la présidence française de l’UE sera déterminante dans l’adoption de ce paquet législatif dévoilé en juillet. Cependant, certains observateurs regrettent la discrétion du président Macron sur certaines questions urgentes liées au climat et à l’environnement.
Le RAC estime que la présidence française doit montrer plus d’ambitions sur ces problèmes prioritaires, dont la résolution a des impacts réels et immédiats sur le quotidien des Européens et sur le climat.
Des clauses environnementales systématiques dans les accords commerciaux
Le projet d’Emmanuel Macron inclut néanmoins deux chantiers majeurs au profit de l’environnement.
Le président français croit que la préservation de l’environnement et la limitation du réchauffement climatique sont indissociables des politiques commerciales et industrielles de l’Europe.
Emmanuel Macron espère mettre fin aux fuites de carbone et aux déforestations importées avec cette mesure, à condition que tout l’appareil législatif de l’UE se mette au diapason.
Vu les nombreuses propositions de la Commission européenne en matière de climat, les plans du président français ont de grandes chances de se concrétiser. En plus, la nouvelle formation gouvernementale en Allemagne s’illustre par son positionnement pro-écologie.
Connaissant l'influence de Berlin sur l’orientation des politiques économiques et environnementales de l’UE, cet engagement constitue une bonne nouvelle pour la France, et pour le climat.
Une taxe carbone aux frontières
La présidence française de l’UE se concentrera également sur la mise en place d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Europe. Ce dispositif s’appliquera surtout aux produits et marchandises provenant de pays qui n’ont pas signé les accords commerciaux incluant des clauses « miroirs » voulues par Emmanuel Macron.
L’UE devra batailler ferme pour mettre sur pied ce mécanisme d’ajustement, qui nécessiterait des outils de surveillance et, surtout, l’accord des autres pays partenaires de l’Europe.
La France devra aussi composer avec les dissensions au sein même du Groupe des 27. Ces différences de point de vue peuvent compliquer le processus de décarbonation de l’appareil productif européen et retarder la traduction du paquet législatif « Fit-for-55 » en réglementations concrètes, appliquées dans tous les pays de l’UE.
Prudent, le président Macron s’est gardé d’évoquer l’avenir du nucléaire lors de la présentation. Il a aussi fait l’impasse sur la taxonomie définie dans le règlement délégué de l’UE du 4 juin 2021. Ce texte fixe un cadre légal et technique pour déterminer les activités économiques bénéfiques dans la lutte contre le réchauffement climatique et celles qui vont à l’encontre des objectifs environnementaux de l’UE.
Un calendrier chargé et des chantiers titanesques
La Présidence Française de l’Union européenne intervient à une période charnière de la lutte contre le réchauffement climatique. Les choix d’Emmanuel Macron seront donc déterminants dans l’orientation des débats et de la mise en œuvre des nouvelles politiques environnementales de l’UE. La présidence française coïncide par ailleurs avec des échéances électorales, une perspective loin d’enchanter les organisations environnementales.
Avec autant de dossiers à gérer en un semestre, Emmanuel Macron entend agir rapidement. Il s’adressera au Parlement européen le 19 janvier pour défendre ses projets législatifs. Il organisera ensuite un sommet des 27 chefs d’État de l’UE les 10 et 11 mars prochain. Le président français affirme travailler étroitement avec Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission et Charles Michel, président du Conseil européen.
Malgré le volontarisme affiché par le chef de l’État, les organisations environnementales se montrent prudentes. Le RAC met en garde contre la tentation de profiter de cette présidence pour défendre des intérêts nationaux ou se focaliser sur des thématiques électorales trop éloignées des intérêts communs de l’Union européenne.
De son côté, Greenpeace France appelle la France à ne pas détourner l’attention sur les vrais problèmes environnementaux de l’UE.
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