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Les engrais chimiques azotés une pollution méconnue

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Les engrais chimiques azotés une pollution méconnue

Par la rédaction

Le 07/05/2021 et modifié le 24/01/2022

Réchauffant l’atmosphère 265 fois plus que le dioxyde de carbone, le protoxyde d’azote est un GES menaçant. Ses émissions méritent d’être fortement régulées, voire prohibées. 

L’émanation de ce gaz provient en partie du recours aux engrais chimiques azotés. Un usage raisonné ou une interdiction de ce type de fertilisant est donc nécessaire, car les effets des engrais azotés de synthèse sont néfastes tant pour le climat, que pour la santé humaine.

 

Les engrais azotés de synthèse, une bombe à retardement

Une métamorphose totale des pratiques en matière d’agriculture et d’élevage a eu lieu dans le courant du XXe siècle. Avec l’accélération de la hausse de la population mondiale et donc plus de bouches à nourrir, les agriculteurs ont utilisé des fertilisants chimiques et notamment des engrais azotés de synthèse pour de meilleures récoltes et donc un meilleur rendement

hausse population mondiale

 

Additifs reconnus pour leur efficacité, ces produits chimiques sont donc la recette gagnante dans la plupart des exploitations qui n’hésitent d’ailleurs pas à en user à la fois à grande échelle, mais aussi de manière excessive.

Le revers de la médaille ne tarde pourtant pas à apparaître et les grands défauts des engrais azotés de synthèse viennent ternir au fil du temps cette bonne réputation en matière de productivité. 

Durant les dernières décennies, de nombreux constats émergent, ces fertilisants chimiques sont dangereux pour la nature et la santé des hommes.

 

Des effets environnementaux, climatiques et sanitaires importants

Plusieurs conséquences néfastes sont en effet constatées suite au recours abusif de ces produits de synthèse :

- L’épandage des engrais azotés de synthèse sur les champs agricoles accroît les émissions de protoxyde d’azote

En France, le ministère de la Transition écologique estime que près de 35 % des rejets de protoxyde d’azote proviennent de l’utilisation des fertilisants azotés. 

Des 130 millions de tonnes de produits chimiques azotés utilisés dans l’agriculture mondiale chaque année, les plantes n’en emploient réellement que la moitié pour leur croissance. Une proportion non négligeable du reste, autrement dit des engrais chimiques répandus, mais inutilisés, s’échappe alors des terres agricoles sous forme de protoxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre. 

Depuis les années 1960, les rejets de ce gaz fortement réchauffant ont ainsi doublé dans l’atmosphère. Pendant cette même période, l’utilisation des engrais azotés de synthèse connaît un bond de 800 % dans le monde.

- Les engrais azotés de synthèse participent aux épisodes de pollution. Une autre partie des engrais azotés de synthèse inutilisés par les végétaux se volatilise dans l’air et de cette évaporation se crée de l’ammoniac

Cette substance gazeuse apparaît alors sous forme de particules fines, un élément à la fois dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement. Selon le ministère de la Transition écologique, la fertilisation à l’azote est responsable d’environ 45 % des émissions d’ammoniac, tous secteurs confondus.

- Les engrais azotés de synthèse sont en partie responsables de la dégradation des sols et de la contamination des cours d’eau. Lorsque les plantes ne l’absorbent pas, l’azote s’infiltre dans les terres agricoles. Cette présence excessive d’azote dans les sols conduit pourtant à leur acidification et donc à leur détérioration

D’autre part, sous l’action des pluies, l’azote présent dans les sols est emporté vers les nappes d’eau ou les cours d’eau environnants pour les charger en nitrate, un autre élément dangereux pour la santé humaine et pour les espèces animales et végétales lorsque son taux est excessivement élevé.

 

Mobilisation des parties prenantes contre les engrais azotés de synthèse en France

Un cri d’alarme est lancé en France en raison des multiples dégâts provenant de l’utilisation de ces engrais azotés de synthèse. Des professionnels du monde agricole ainsi que des spécialistes en agronomie dénoncent la situation dans une tribune publiée dans un quotidien national. La cinquantaine de signataires exhorte les gouvernants à trouver des mesures alternatives à l’usage de ces engrais.

Des pistes existent en effet pour ramener à la baisse l’utilisation des engrais azotés de synthèse et donc mécaniquement les émissions de protoxyde d’azote. La mise en vigueur d’une redevance autour de leur usage est l’une des meilleures solutions, mais les autorités hésitent pour le moment à la concrétiser. 

La loi Climat et résilience en cours d’adoption en France manque encore d’ambitions autour de la mise en place d’une telle taxe sur l’utilisation de ces produits chimiques.

La substitution des engrais azotés de synthèse par des fertilisants naturels issus des déjections animales est aussi une autre solution. Dans cette optique, des alternatives doivent être trouvées pour regrouper sur un même territoire des agriculteurs et des éleveurs leur fournissant les engrais organiques riches en azote, nécessaires à leurs récoltes. 

La concentration actuelle des éleveurs sur certaines parties de la France, comme en Bretagne par exemple, reste l’un des freins à une couverture nationale des exploitations agricoles par les fertilisants naturels.

Dangers pour la santé humaine, menace pour les sols, les espèces végétales et animales, mais aussi facteurs aggravant le réchauffement du climat : les engrais azotés de synthèse sont donc hautement nocifs et il devient très urgent de s’en écarter. 

Même sans ces engrais chimiques, les productions agricoles pourront nourrir la population mondiale d’ici à 2050, selon l’IDDRI ou l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales, à condition qu’il n’y ait plus de gaspillage alimentaire.

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