Connecter les espaces de biodiversité
Dans la savane d’Afrique de l’Est, le monde assiste chaque année à un ballet spectaculaire, où les zèbres et les gnous jouent le premier rôle. À l’approche de la saison sèche, ces mammifères se mettent en marche depuis les vastes plaines du Serengeti pour arriver jusqu’à la réserve du Massaï Mara.
Chaque année, environ 2 millions de gnous et plus de 500 000 zèbres effectuent cette migration, la plus importante au monde. Ces animaux peuvent traverser jusqu’à 800 km pour se nourrir et mettre bas dans les vastes prairies de la réserve kenyane.
Ce phénomène naturel et millénaire rappelle une vérité fondamentale sur la biodiversité : les animaux sauvages ont toujours besoin de se déplacer et d’explorer de nouveaux espaces propices à leur développement.
La superficie du territoire de reproduction, de repos, de pâturage ou de chasse dépend des espèces.
La construction d’infrastructures sur ces trajets complique de fait ces mouvements. L’urbanisation entraîne une fragmentation des écosystèmes et un isolement de la faune et de la flore.
Or, une séparation artificielle des paysages et des réserves de biodiversité diminue la résilience des espèces qui y vivent. Ces dernières sont plus vulnérables aux bouleversements de leur lieu de vie, comme le tarissement du gibier, l’appauvrissement des prairies et, éventuellement, les incendies et inondations.
Ainsi, les corridors écologiques permettent d’optimiser les connexions entre différents réservoirs de biodiversité.
Un outil de conservation global et local
L’Agence française pour la biodiversité distingue trois types de corridors écologiques :
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Les corridors linéaires
Ils regroupent les bandes herbeuses qui longent les rivières, les fleuves et les cours d’eau. Les bords des chemins non aménagés et les haies font aussi partie des corridors linéaires.
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Les corridors paysagers
Ce sont des ensembles de structures paysagères non homogènes, qui facilitent la dissémination et les communications entre deux milieux naturels différents.
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Les corridors discontinus ou « en pas japonais »
Les îlots-refuges en milieu rural ou urbain, les mares, les passages à faune sur les routes et autoroutes ainsi que les bosquets sont considérés comme des corridors discontinus.
Dans d’autres pays, les corridors écologiques sont classés selon leur superficie. La WWF distingue ainsi trois formes de corridors écologiques :
- Les corridors de conservation (largeur inférieure à 1 km)
- Les corridors biologiques (entre 1 et 5 km de largeur)
- Les macro-corridors (une bande de terre de plus de 5 km de large reliant deux régions géographiques)
Ces visions différentes se rejoignent néanmoins sur la reconnaissance du rôle de ces corridors.
Ces zones protégées relient deux puits de biodiversité et permettent aux animaux d’y circuler en toute sécurité. Le ralliement de deux ou plusieurs écosystèmes entretient ainsi le cycle de vie de la faune, qui, en retour, contribue à la régulation naturelle et à l’enrichissement de la flore.
L’intérêt des corridors écologiques en milieu urbain
L’utilité des corridors écologiques dans la protection de la biodiversité est évidente dans et autour des aires protégées. Dans les villes, ce système reste assez marginal. Pourtant, plusieurs éco-biologistes soulignent l’importance de ces aménagements en milieu urbain, là où les fragmentations d’écosystèmes sont quasi systématiques.
Les racines des arbres rendent aussi le sol plus poreux, donc plus apte à capter la pollution au CO2.
Les jardins urbains peuvent aussi servir de corridors écologiques. Pour cela, leurs propriétaires doivent abandonner les méthodes d’entretien traditionnelles, où la tonte courte et les coupes régulières sont la norme.
Cette gestion minimale multiplie l’offre d’habitat à destination des petits mammifères, des insectes et des auxiliaires de culture. Si tous les foyers s’engagent sur cette voie, les milieux urbains redeviendront accueillants pour la faune et la flore. Un tel changement sera bénéfique pour la planète et tous ses habitants, y compris l’Homme.
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