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Inertie climatique : définition, causes, conséquences

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Planète

Inertie climatique : définition, causes, conséquences

Par la rédaction

Le 27/12/2021 et modifié le 25/01/2022

La première loi de Newton énonce que tout corps conserve son état de mouvement rectiligne uniforme ou de repos en l’absence d’une force extérieure agissant sur celui-ci. Ce principe s’applique dans plusieurs domaines de la physique. L’inertie climatique obéit-elle à cette loi ? Il est capital de maîtriser cette notion pour lutter efficacement contre le réchauffement planétaire.

Définition de l’inertie climatique

L’inertie climatique désigne le temps de réaction de la Terre aux efforts de réduction des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ce décalage couvre une période allant de 10 à 40 ans selon les estimations.

Certains climatologues avancent même des projections d’hystérésis, pouvant atteindre quelques centaines d’années.

Partant de cette définition simple, on peut affirmer que l’inertie climatique tombe sous la première loi de Newton. En l’absence de forces extérieures causant le changement climatique autrement dit les gaz à effet de serre (GES), la planète continue de se réchauffer à un rythme stable. Seule différence : cette montée des températures s’arrête lorsque la température de la Terre atteint un point d’équilibre. C’est le cas lorsque la puissance calorique émise par la planète équivaut à la puissance qu’elle reçoit en provenance du soleil. Dans le jargon scientifique, cet état s’appelle l’équilibre radiatif.

La réalité de l’inertie climatique fait que, même si l’Homme cesse immédiatement toute émission de GES, la température moyenne continuera d’augmenter pendant des dizaines d’années. Ce phénomène s’explique en grande partie par la durée de vie des gaz à effet de serre et par l’inertie thermique de la Terre.

 

La durée de vie des GES

Les GES se dissipent plus ou moins rapidement dans l’atmosphère, en fonction de leur composition chimique. Le dioxyde de carbone, le plus répandu et le plus connu du grand public, possède par exemple un temps de résidence de 100 ans. 

Cela signifie que les molécules de CO2 présentes dans l’atmosphère contribuent à l’effet de serre pendant un siècle, même en l’absence de nouvelles émissions anthropiques. Pour mieux comprendre ce phénomène, on peut utiliser une analogie simple. Imaginez une poêle remplie d’eau, que l’on chauffe avec une flamme qui grossit en permanence. Même si la flamme arrête de grossir, elle continue de chauffer l’eau contenue dans la poêle.

Les rejets de GES dans l’atmosphère fonctionnent de la même manière. 

Même en arrêtant d’émettre de nouveaux GES, les gaz déjà présents dans l’atmosphère continuent de chauffer les mers et les océans. Ce phénomène a pour conséquence d’augmenter la température moyenne sur la surface de la Terre.  

L’inertie thermique inhérente au temps de résidence des GES ne provient pas uniquement du dioxyde de carbone. D’autres gaz polluants jouent un rôle non négligeable dans le dérèglement climatique. C’est notamment le cas du méthane (CH4), le deuxième plus grand contributeur à l’effet de serre. Ce gaz a un temps de résidence de 9 ans, contre 2 mois seulement pour l’ozone (O3). Le protoxyde d’azote (N2O) détient la palme du GES le plus difficile à éliminer, avec une durée de vie de 150 ans. Les connaissances les plus récentes estiment à des durées au-delà de tout soupçon, supérieures à 50 000 ans, le temps de résidence des halocarbures dont le CFC est le plus connu.

 

L’inertie thermique de la Terre

L’inertie thermique constitue la deuxième composante clé de l’hystérésis. Celle-ci correspond à la vitesse à laquelle un élément réagit à un changement de température. De la même façon que le sol, les glaciers, l’eau et l’air se réchauffent et se refroidissent à une vitesse différente, la planète dans son ensemble possède aussi sa propre inertie thermique. 

Vu sa taille et sa complexité, la Terre possède une inertie thermique colossale. 

Cette propriété physique limite les risques de réchauffement ou de refroidissement trop rapide, qui aurait des conséquences désastreuses sur tous les habitants de la planète.

Néanmoins, l’inertie thermique de la Terre pose un problème complexe. À cause d’elle, l’évolution des températures mondiales dans le futur est difficile à prévoir. Cette donnée complique sérieusement la tâche des climatologues et des décideurs politiques, chargés de mettre sur pied des stratégies efficaces permettant aux populations de survivre aux effets du dérèglement climatique.  

 

Quid de l’inertie de l’écologie ?

Ironiquement, l’inertie climatique projette chez les populations une vision biaisée des dégradations provoquées par le réchauffement planétaire. 

Puisque les effets d’une hausse ou d’une baisse des émissions de GES ne se ressentent qu’après 20 ou 40 ans, l’opinion publique tarde à prendre conscience de l’urgence de la situation. 

Certes, les populations sont aujourd'hui plus sensibles aux questions environnementales, les rapports chocs, comme celui du GIEC en août dernier, ont contribué à cette prise de conscience. Les événements météorologiques anormaux et beaucoup plus réguliers, comme les épisodes de canicule, les inondations, les typhons et la fonte des glaciers, ont aussi marqué les esprits.

Pourtant, malgré ces signaux évidents, les gens se cantonnent dans leurs vieilles habitudes polluantes. Les changements de mode de vie entraperçus à travers les médias demeurent insuffisants pour impacter sérieusement les émissions de GES dans l’atmosphère. 

On peut relier cette inaction à l’inertie de l’écologie, une tendance ancrée dans les mœurs et qui empêche les populations et les pouvoirs publics de considérer sérieusement la cause environnementale et climatique.

Cet immobilisme général trouve plusieurs explications, en tête desquelles figurent la résistance au changement et le déni de la gravité du dérèglement climatique. En 2018, la neurobiologiste Sylvie Granon évoque aussi le manque de cohésion sociale comme facteur déterminant dans l’inertie de l’écologie. Des philosophes se sont aussi penchés sur la question et ont théorisé sur une « amnésie environnementale générationnelle ».

En clair, chaque génération se construit une référence de ce qu’est une nature dans un état « normal ». Ce référentiel individuel induit les populations en erreur. 

En effet, même si les écosystèmes se dégradent à grande vitesse, ils apparaissent relativement stables à l’échelle d’une vie humaine. 

Cette apparente stabilité conduit les individus à adopter une posture conservatrice, loin de l’activisme indispensable à la lutte en faveur du climat et de l’écologie.

 

L’inertie politique mise en cause

À cause d’une erreur d’interprétation de l’inertie climatique, les politiques choisissent la même voie que les populations : l’inaction. On ne parle pas d’un désœuvrement, qui se manifeste par une omission pure et simple de la question environnementale dans les débats politiques. On en est même loin, sachant que la France et l’Union européenne se veulent en première ligne dans la lutte contre le réchauffement climatique. 

Guidés par les objectifs du Pacte Vert, les États européens investissent massivement dans des systèmes énergétiques plus écologiques et multiplient les lois en faveur de la réduction des émissions de GES.

Cependant, l’inefficacité des mesures prises jusqu’ici soulève des questions sur l’implication des politiques dans la limitation du réchauffement planétaire. Par exemple, l’Accord de Paris adopté en 2015 engage les États signataires à contenir la hausse de la température mondiale en dessous de +1,5 °C d’ici la fin du siècle, pour atténuer les impacts du changement climatique. 

L’accord confie à chaque pays le soin d’élaborer une stratégie nationale de réduction de l’intensité carbone. Le texte ne prévoit aucun objectif spécifique, ni aucun mécanisme de suivi des efforts réalisés par les contributeurs. Sans surprise, la convention s’est révélée être un échec, en dépit des grandes ambitions affichées par ses défenseurs. 

Près de 7 ans après l’adoption de l’Accord de Paris, rares sont les nations à avoir défini des plans concrets pour diminuer leur empreinte carbone.

Malgré les promesses d’atteindre la neutralité carbone en 2015, plusieurs États du G20 ont continué d’investir dans les énergies fossiles, pourtant reconnues comme principales sources de GES. 

Dans une évaluation publiée en 2020, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement estime que le monde se trouve encore trop loin de la trajectoire fixée dans l’Accord de Paris. Le même document anticipe une hausse de 2 % par an de la production d’énergies fossiles, et ce, jusqu’en 2030. Or, il aurait fallu réduire cette production de 6 % pour rester dans les limites de l’Accord. Ainsi, au rythme actuel, le PNUE, Programme des Nations Unies pour l’Environnement, craint une augmentation des températures de l’ordre de 3,5 °C, voire 4 °C d’ici la fin du siècle. Ces projections correspondent à l’un des scénarios les plus alarmistes du GIEC.

Ces chiffres inquiétants mettent en évidence, l’inertie des dirigeants vis-à-vis de l’urgence climatique. Les politiques montrent encore trop peu d’ambitions dans leurs choix des solutions et ne s’empressent pas de voter et faire appliquer des lois en faveur de la réduction des GES. Or, connaissant l’inertie thermique de la Terre et le temps de résidence des GES, chaque minute d’attente et de tergiversation retarde de manière significative le ralentissement du réchauffement climatique. 

Cet attentisme général coûtera très cher, en numéraires et en vies humaines, aux générations futures.

 

L’inertie climatique en grande partie due aux dirigeants des pays :

  • Durée de mandat

La crise climatique est une crise qui va se dérouler sur une période qui se calcule en dizaines d’années. Les hommes politiques sont élus pour des mandats qui dépassent rarement 5 ans.

  • Les problèmes futurs importants ne concernent pas le présent 

Pourquoi traiter les problèmes importants du futur alors que la démagogie et la concurrence entre politiques les obligent à promettre toujours plus pour aujourd’hui.

  • Popularité

Les mesures les plus efficaces pour réduire les émissions de carbone sont liées à des économies d’énergies et à la décroissance. Hors moins consommer est souvent lié à un moindre pouvoir d’achat. Et rares sont ceux qui sont prêts à sacrifier une partie de leur pouvoir d’achat. En outre l’effet collatéral d’une moindre consommation serait une augmentation du chômage. 

  • Absence de pression populaire

La pression populaire n’est pas assez forte sur les politiques et les entreprises pour que les politiques aient envie de s’emparer du sujet.

  • Problèmes de ‘’pays pauvres’’

Les pays les plus touchés seront majoritairement des pays en voie de développement avec peu de moyens de réaction contrairement aux pays développés qui peuvent adopter des mesures face aux dérèglements climatiques et mettre de l’argent en face des problèmes qui vont se poser.

  • Mondialisation

Pourquoi mon pays ferait des efforts si les autres n'en font pas.

  • Bêtise et rente de situation

Trump a fait sortir les États-Unis de l'accord sur le climat aux motifs que l'économie prime et que le réchauffement climatique est une chimère, Poutine quant à lui est un climato-sceptique avéré. Faut-il y voir un lien avec le fait que les états-unis et la russie sont respectivement les 1er et 3eme pays producteurs de pétrole au monde et 1er et 2eme producteur de gaz naturel au monde ?

 

Conséquences des ces absences de réaction : 

  • La non réaction entraînera des conséquences plus importantes que la réaction : les dérèglement climatiques : pluies plus importantes, canicules plus longues et importantes et feux de forêts vont engendrer des catastrophes écologiques et financières beaucoup plus importantes que l'absence de décisions.
  • Guerres civiles ou guerres entre pays : les effets des dérèglements climatiques vont engendrer des mouvements importants de population qui ont toutes les chances de provoquer des conflits.

image rechauffement climatique

 

Des changements urgents à l’échelle de la population

La conscience de l’inertie climatique devrait inciter toute personne à agir tout de suite, là où elle est et avec ce qu’elle peut. L’État ne montre pas vraiment l’exemple sur ce point. Face à cette inertie des pouvoirs publics, il incombe à la population de « prendre le taureau par les cornes » pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre. Comment ? Un changement radical des modes de vie s’impose. 

Chacun peut et doit contribuer à sa manière à la lutte contre le réchauffement climatique.

Quelles actions : 

Actions simples : trier ses déchets, ne pas gaspiller, éviter de surconsommer, manger bio, local, éviter les viandes rouges, changer (si nécessaire) votre chauffage, four, frigidaire, lampes… pour des systèmes plus économes en énergie.

Actions plus compliquées : militer dans des associations, des partis politiques, participer à des formations sur le bio, informer vos amis, parents, et les inciter à être plus vertueux.

 

Vous avez l’habitude de conduire votre véhicule personnel ? Un retour aux transports publics ou l’alternative du covoiturage réduira votre empreinte carbone de manière substantielle. Dans les deux cas, vous serez beaucoup plus souvent amené à faire de la marche à pied, excellente pour la santé. 

De même, l’amélioration de l’efficacité énergétique du logement et l’adoption des énergies vertes comme l'éolien, le solaire ou encore la géothermie en autoconsommation ont un impact sur vos émissions de GES. Malheureusement, les probabilités qu’un tel changement s’opère à l’échelle de toute la population sont très minces. Ce constat souligne d’autant plus l’importance des élections et des votes publics, qui permettent aux citoyens engagés de choisir des leaders capables d’insuffler l’envie de changer à tout un pays.

 

Des effets variables selon les régions

Ces changements de mode de vie doivent s'opérer maintenant, si l’on veut atteindre le net zéro en émissions de GES le plus rapidement possible. 

Si par miracle, le monde devenait neutre en carbone demain, on observerait les premiers ralentissements du réchauffement planétaire d’ici 15 à 20 ans, soit autour de 2040. 

Cette trajectoire étant utopique, on peut toujours conjecturer sur une accentuation des efforts entrepris par l’Europe et les autres grands pollueurs depuis l’Accord de Paris. Si tous les États tiennent leurs engagements, les premiers signes de ralentissement apparaîtront peu après 2050.

Entre-temps, les mers et les océans continueront de se réchauffer à une vitesse alarmante, sous l’effet des GES rejetés dans l’atmosphère depuis les années 1990 et 2000. Selon une récente étude d’Oxford Economics, le réchauffement planétaire est beaucoup plus visible dans les régions tempérées et les pays où la température moyenne annuelle se situe au-dessus de 15 °C. En revanche, cette crise affecte beaucoup moins les pays qui vivent sous 15 °C soit la quasi-totalité des nations d’Amérique du Nord, d’Asie Centrale et d’Europe.

Pire, la montée des températures « profite » à ces contrées : leur productivité agricole s’améliore, au même titre que les activités d’extérieur et les activités de construction. D’après Oxford, il faudrait attendre 2030 avant que le réchauffement climatique devienne réellement handicapant pour ces pays. 

Cet écart explique sans doute l’apathie générale et l’immobilisme climatique des politiques et des populations occupant ces régions. Il est grand temps que cette inaction cesse et que tout le monde prenne conscience des conséquences sur le long terme.

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